Notre planète n’est pas seulement menacée par la détérioration progressive qu’entraîne le changement climatique : de nombreux produits d’usage courant contiennent également des composants dont les matériaux de base peuvent difficilement être réutilisés. Et cela est d’autant plus vrai lorsqu’on parle de l’informatique.
Les métaux précieux qui font partie des processeurs et composants de mémoire, tels que l’or ou le cuivre, peuvent être récupérés grâce à des procédés chimiques complexes. Ce n’est toutefois pas le cas des circuits imprimés sur lesquels les puces sont soudées, qui sont généralement fabriqués à partir de résine époxy. Cette résine est extraite du pétrole brut et ne peut pas être recyclée par la suite. Le résultat ? Des montagnes de déchets qu’on ne peut plus se permettre d’ignorer, et ce en particulier car ces circuits imprimés ne se trouvent pas seulement dans les PC et les ordinateurs portables, mais en principe dans tous les appareils qui nécessitent l’utilisation d’une puce.
Le bois en tant que matière première
Dans le cadre du projet de recherche européen HyPELignum, un groupe de chercheurs du Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (EMPA) et de l’Organisation néerlandaise pour la recherche scientifique appliquée (TNO) a trouvé une alternative à la résine époxy conventionnelle. Ces scientifiques se concentrent actuellement sur la lignocellulose, un déchet issu de l’extraction de la lignine et de la cellulose du bois.
Au cours d’un processus complexe, les flocons de lignocellulose sont d’abord broyés avec de l’eau. Les fibres de cellulose, d’abord relativement grossières, sont ainsi transformées en fines fibrilles de cellulose qui sont reliées entre elles, formant ainsi un réseau. Enfin, cette masse est compressée sous la forme de feuilles dont la solidité atteint presque celle des circuits imprimés classiques en résine époxy ou en fibre de verre.
L’eau demeure l’unique danger : la conception des fibrilles fait qu’elle peut encore être absorbée par celles-ci. Cependant, cet inconvénient est également un avantage : en effet, le circuit imprimé ne peut être soumis à un processus de biodégradation qu’après avoir été utilisé à cause de cette capacité d’absorption de l’eau. Et celle-ci est nécessaire pour que les microbes et les champignons effectuent la décomposition des substances organiques. La solidité serait également améliorée pour la production industrielle. Cependant, les chercheurs considèrent également que les exigences relatives aux circuits imprimés sont excessives. La durée de vie des appareils est souvent si courte qu’une plus grande résistance aux influences extérieures n’est plus proportionnelle aux avantages qu’elle offre.
Une souris d’ordinateur ouvre la voie à de nouvelles possibilités
Le développement a depuis longtemps dépassé le simple stade de la théorie. Les chercheurs en matériaux ont déjà fait produire les premiers circuits imprimés par un contractant et les ont utilisés pour concevoir une souris d’ordinateur et une carte RFID, par exemple. La prochaine étape pour ces scientifiques consiste à convaincre les partenaires de l’industrie des avantages de cette technologie.
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