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Un jeu qui s'autodétruit pour dénoncer le brain rot? La preuve que nos cerveaux sont déjà ruinés

OnePlus BrainRotBlaster 16 9
© OnePlus

OnePlus veut lutter contre le brain rot et le doomscrolling, ces maux qui consistent à s'abrutir en scrollant sur les réseaux sociaux tel un zombie à longueur de journée. Pour ce faire, OnePlus a lancé un jeu-vidéo éphémère, Brain Rot Blaster, qui s'autodétruit après une seule partie. Un coup markéting non seulement maladroit, mais qui prouve que nos cerveaux sont déjà bien pourris et que le fameux brain rot nous a toutes et tous plus ou moins atteint.

"Pour sensibiliser à cette problématique et encourager une utilisation plus consciente des écrans, OnePlus lance 'Brain Rot Blaster', un jeu web d'inspiration rétro qui s'autodétruit après une seule partie pour pousser les joueurs à reprendre le contrôle de leur usage du numérique", peut-on lire dans le communiqué partagé par OnePlus. Il s'agit d'une campagne markéting pour le futur lancement du OnePlus Nord 5 courant juillet. Le jeu n'est pas encore disponible, mais OnePlus a partagé une bande-annonce. 

Le jeu est un FPS dans lequel vous devez tirer sur les incarnations des tendances les plus toxiques en ligne. Le Crypto Bro représente les escrocs aux cryptomonnaies qui volent l'argent de leurs investisseurs. Le Conspi Tête d’Alu évoque les adeptes des théories du complet qui portent un chapeau en aluminium pour se protéger des ondes de contrôle mental du gouvernement. Vous avez compris le principe, je pense.

Changer notre relation malsaine avec la technologie? C'est raté!

Les gouttes de sueur qui perlaient de mon front pour rester suspendues le long de mes arcades à mesure que je regardais le trailer ci-dessus n'avaient rien à faire avec la chaleur écrasante régnant dans mon bureau à domicile, aka mon lit. Non, c'était la chaleur produite par mon cerveau tentant de comprendre à quel point une marque peut être aussi à côté de la plaque. Ce jeu Brain Rot Blaster ne dénonce absolument pas le doomscrolling ni le brain rot. Il les incarne à la perfection.

Le doomscrolling consiste à consommer du contenu sans fin, souvent anxiogène, de façon passive et répétitive. Il repose sur la gratification immédiate et la peur de rater quelque-chose ou FOMO (fear of missing out). Un jeu à usage unique comme Brain Rot Blaster, qui disparaît après une seule partie, joue exactement sur ces ressorts. L’urgence de consommer, l’instantanéité de l’expérience. Plutôt que d’encourager une relation plus réfléchie et durable au numérique, il alimente cette logique du "vite vu, vite oublié", qui caractérise justement le brain rot.

Ce jeu-vidéo de OnePlus ne laisse aucune trace, aucun souvenir rejouable, ni possibilité d’exploration ou d’apprentissage. Il s’inscrit dans une économie de l’attention où la valeur d’un contenu repose sur sa capacité à générer du buzz immédiat, non sur son impact à long terme. Oui, je sais qu'on parle d'un jeu gimmick sur navigateur pour faire la pub d'un smartphone. Mais dans ce cas là, il ne fallait pas donner à ce jeu une portée "morale" qu'il n'a pas réellement.

Les jeux-vidéo jetables sont au coeur du problème lié au brain rot

En dehors de mon infatigable besoin de me plaindre et de tout critiquer, c'est peut-être le timing de l'annonce de OnePlus qui m'a fait réagir ainsi. Le débat sur la longévité des jeux-vidéo bat son plus fort en Europe avec, notamment, le mouvement Stop Killing Games, qui milite contre les éditeurs qui détruisent leurs jeux après les avoir vendus aux joueurs. 

Stop Killing Games est né en 2024 après que l'éditeur Ubisoft avait annoncé la fermeture des serveurs du jeu de course The Crew, rendant le jeu inutilisable pour les joueurs qui l'avaient pourtant payé plein pot.

En France, Stop Killing Games a déposé plainte l'an dernier auprès de la DGCCRF, et affirmait que l’affaire est examinée au plus haut niveau. Le 31 juillet 2024, une nouvelle étape a été franchie avec le lancement d’une pétition européenne via le site officiel des initiatives citoyennes. La campagne n'a pas vraiment décollé et le fondateur de Stop Killing Games, Ross Scott, était assez pessimiste quant aux débouchés pour son mouvement. Actuellement, la pétition compte 714.196 signataire pour un objectif d'1 million et n'a que jusqu'au 31 juillet 2025 pour atteindre ce dernier.

La pub ne devrait pas prétendre être plus que ce qu'elle est

Évidemment, le jeu Brain Rot Blaster n'entre pas dans la catégorie de jeux visés par Stop Killing Games. Il est gratuit et l'aspect éphémère est annoncé dès le départ. Mais je trouve qu'il traduit bien l'état de brain rot général dont on souffre à peu près toutes et tous. 

À l’ère du tout numérique, on vit un moment charnière où le droit des consommateurs à disposer librement de leurs jeux est sérieusement remis en question. Même les éditions physiques ou solo ne garantissent plus la pérennité d’un jeu. Elles nécessitent souvent des mises à jour ou des fichiers à télécharger via des serveurs.

De plus en plus de studios publient des jeux sans plan de "fin de vie", c’est-à-dire sans prévoir ce qu’il adviendra du produit une fois que le support officiel s’arrête. Cette logique expose les jeux, même ceux qui ne dépendent pas d’un mode en ligne, à une obsolescence forcée. Le joueur n’est plus propriétaire de ce qu’il achète, mais simple locataire d’un accès temporaire, soumis au bon vouloir des éditeurs.

En se positionnant comme un outil de sensibilisation tout en adoptant les codes du contenu jetable, un projet comme Brain Rot Blaster de OnePlus perd en crédibilité. Il reste un simple objet marketing plutôt qu’un levier de prise de conscience. Et ok, c'est un coup de pub, c'est fair play. Mais l'hypocrisie derrière une sorte de "moral-washing" a tendance à m'exaspérer plus que me donner envie d'acheter un produit. Peut-être que la pub devrait se contenter d'être ce qu'elle est. 

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Illustration Xgimi Halo+ Product Image Dangbei Neo Product Image Technaxx TX-127 Product Image Samsung Freestyle Product Image Nebula Anker Capsule 3 Laser Product Image Formovie Theater Product Image
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Antoine Engels

Antoine Engels
Rédacteur

Ceinture noire en lecture de fiche technique. Fanboy OnePlus en rémission. Temps de lecture moyen pour mes articles: 48 minutes. Fact-checkeur de bons plans tech à mes heures perdues. Déteste parler de lui-même à la troisième personne. Aurait aimé être journaliste JV dans une autre vie. Ne comprend pas l'ironie. Responsable du contenu éditorial pour nextpit France.

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  • Luna 110
    Luna
    • Admin
    depuis une semaine Lien du commentaire

    Comme polard a transformé un étudiant consciencieux en hors-la-loi
    Comme complotiste a transformé un individu qui se questionne en hors-la-loi
    Comme boomer a transformé un individu non follower en hors-la-loi
    Ne v’la t’il pas que les éditeurs de jeux vidéo vont eux aussi inventer leur sobriquet pour transformer les collectionneurs, ceux qui prennent soin de leurs jeux en hors-la-loi !
    Avec ce genre de sophisme, on met le monde à l’envers, c'est bien qu'il faut réagir et je suis tout a fait d'accord avec cet article car c'est cette pratique qui remet en cause le concept même de propriété !